Title
Protection de l’Environnement à Saint Barthélemy: Connaissances Actuelles et Recommandations en Matière de Recherche
Author(s)
Catherine Jadot
Published
2016
Abstract
Avec une superficie de tout juste 25 km2, l’île de Saint-Barthélemy est l’un des plus petits pays ou territoires d’outre-mer (PTOM) de l’Union Européenne. Cette île est dotée de magnifiques paysages et présente une riche biodiversité marine et terrestre. La collectivité de Saint-Barthélemy a connu une transition rapide du statut d’île isolée à celui de destination touristique de luxe. Si ce modèle de développement touristique haut de gamme a favorisé une forte croissance économique, il n’est pas sans peser sur les ressources naturelles de l’île. Nous voyons dans ces défis pour les ressources naturelles autant de nouvelles occasions de renforcer la protection de l’environnement. Le gouvernement de Saint-Barthélemy a adopté un Code de l’Environnement en 2009 qui est appliqué sur le terrain par l’Agence Territoriale de l’Environnement (ATE), un établissement public. Depuis octobre 2016, le cadre juridique prévoit l’exécution de sanctions par des agents assermentés en cas de non-respect du code. La Collectivité a initié certaines mesures de protection de l’environnement comme la construction d’une nouvelle station d’épuration à Gustavia, la mise en place d’un programme de recyclage amélioré permettant le tri et la séparation des ordures ménagères qui alimente l’usine de désalinisation par l’énergie thermique issue de l’incinération des déchets et la mise à jour de la réglementation en matière de pêche. Néanmoins, l’élaboration de mesures efficaces de protection de l’environnement requiert une connaissance globale et précise des différents écosystèmes, tant marins que terrestres. Cependant, aujourd’hui nous n’avons encore qu’une connaissance fragmentaire, et parfois dépassée, des écosystèmes de Saint-Barthélemy. Les quelques indicateurs disponibles sur la santé de ces écosystèmes montrent qu’ils ont atteint des seuils alarmants : • Les récifs coralliens autour de l’île sont dans un état critique, • Les populations de poissons sont désormais inférieures au seuil régional de renouvellement biologique, y compris dans les aires marines protégées, • La santé générale des herbiers marins est qualifiée de « médiocre », • La couverture de macroalgues dans les systèmes coralliens a augmenté rapidement et est désormais de plus de 50%, • L’ érosion du littoral est très importante à plusieurs endroits de l’île et a nécessité des opérations répétées de ré-ensablement de certaines plages, et • Certaines espèces envahissantes (chèvres, iguanes, poissons-lion) constituent encore d’autres menaces pour la biodiversité du territoire. L’absence d’informations concernant d’autres éléments essentiels des ressources de l’île, notamment les pêcheries, entravent l’évaluation de leur santé et de leur durabilité. Le présent rapport réunit les informations actuellement disponibles sur l’environnement de Saint-Barthélemy et les principales menaces qui pèsent sur les ressources naturelles de l’île pour établir les bases de futurs projets de conservation. Il présente également les résultats d’un atelier auquel ont participé les parties prenantes. Un recensement desdites parties et un inventaire des différentes structures juridiques relatives à la gestion de l’environnement de l’île sont aussi présentés dans ce rapport. En conclusion, le rapport émet des recommandations et identifie les domaines d’action prioritaires pour une gestion et une conservation efficace des ressources de Saint-Barthélemy et des ses îlets, notamment le développement et la mise en oeuvre d’un programme de développement durable pour l’ensemble de l’île, la mise à jour de la réglementation environnementale, et l’intensification de la collaboration avec des institutions externes en vue de combler les lacunes identifiées en matière de recherche. Dans l’ensemble, l’environnement de Saint-Barthélemy semble se détériorer rapidement. Les principaux risques sont la pollution terrestre, l’urbanisation et la surpêche. Certaines réglementations en vigueur mises en places pour assurer la protection des ressources naturelles de l’île sont pertinentes. Malheureusement le suivi et contrôle font cruellement défaut. Pour assurer la pérennité de la subsistance, du développement économique et de la qualité de vie de Saint-Barthélemy, les projets de conservation doivent faire l’objet d’une organisation holistique, informée et coordonnée.

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